VARSOVIE, Pologne – Le président polonais a prêté serment lundi devant un gouvernement qui ne devrait pas durer plus de 14 jours, une manœuvre tactique qui permet au parti conservateur Droit et Justice de s’accrocher au pouvoir un peu plus longtemps – et de procéder à davantage de nominations au sein des organes de l’Etat.
À la suite d’une élection nationale en octobre, le président Andrzej Duda a fait prêter serment au Premier ministre Mateusz Morawiecki, qui occupe ce poste depuis fin 2017. Selon la constitution, Morawiecki et son cabinet auront 14 jours pour faire face à un vote de confiance au parlement.
Ils sont presque certains de perdre le vote parce que Morawiecki n’a pas de partenaires de coalition après que son parti nationaliste et conservateur Droit et Justice a perdu sa majorité parlementaire et qu’aucun autre parti ne veut rejoindre son gouvernement.
M. Morawiecki affirme qu’il essaie de trouver des partenaires pour gouverner, mais il estime lui-même que ses chances sont de l’ordre de « 10 %, voire moins ».
D’autres membres du nouveau cabinet de M. Morawiecki ont également prêté serment. Le ministre de la défense Mariusz Blaszczak est resté, mais la plupart des autres ministères, y compris les ministères des affaires étrangères, de la justice et de l’éducation, ont été pourvus par de nouvelles nominations. Certains vétérans de la politique ne voulaient probablement pas faire partie d’un gouvernement voué à l’échec.
Le nouveau gouvernement compte beaucoup de femmes et de jeunes, ce dont M. Duda s’est félicité. Il s’est adressé à eux en leur disant qu’il connaissait déjà la plupart d’entre eux, non pas en tant que ministres mais « en tant qu’experts, en tant que personnes qui ont jusqu’à présent travaillé en deuxième ligne ».
Les détracteurs de Morawiecki et de Duda – qui est politiquement aligné sur Droit et Justice – dénoncent la décision de former un gouvernement qui n’a aucune chance apparente d’obtenir le soutien du Parlement comme un acte désespéré de théâtre politique.
Certains critiques soulignent que le parti sortant profite de cette période pour procéder à d’autres nominations, ce qui lui permettra d’étendre son influence sur les organes de l’État, même après avoir abandonné les rênes du gouvernement. Ces derniers jours, il a nommé des fidèles à la tête de l’organisme d’audit de l’État et de l’autorité de supervision financière.
Après huit ans au pouvoir, Droit et Justice a remporté le plus grand nombre de voix lors des élections, mais a perdu sa majorité parlementaire, n’obtenant que 194 sièges à la chambre basse du parlement, la Sejm, qui en compte 460.
Le pouvoir passe déjà à un bloc de partis pro-Union européenne qui s’est présenté sur trois bulletins de vote distincts mais qui a promis de travailler ensemble. Ils ont obtenu ensemble une majorité parlementaire de 248 sièges et dirigent déjà les travaux du parlement.
Leur candidat au poste de premier ministre est Donald Tusk, qui a déjà occupé ce poste de 2007 à 2014 avant de devenir l’un des principaux dirigeants de l’UE, le président du Conseil européen, poste qu’il a occupé pendant cinq ans.
Il est en bonne voie pour redevenir premier ministre après la fin du mandat de M. Morawiecki en décembre.